Arrivés à la gare de Turpan Nord à 6h du matin, nous avons découvert une architecture des 1001 Nuits, nous mettant de bonne humeur pour la suite de notre voyage vers l’ouest. Nous avons cependant eu du mal à trouver de quoi nous loger. Nous avons d’abord essayé d’aller à une auberge de jeunesse dans la vieille ville, Dap Youth Hostel, mais personne n’était là et la porte était fermée. Et il faisait froid, très froid ! Nous avons essayé une autre auberge de jeunesse, également fermée, frappé à un hôtel qui était ouvert mais la chinoise à la réception nous a simplement regardé comme si nous n’étions pas les bienvenus. Nous lui avons demandé une chambre mais elle nous a tout simplement ignorés jusqu’à ce que nous sortions de l’hôtel… Nous avons tenté notre dernière chance au Turpan Hotel qui avait l’air d’avoir pignon sur rue selon les guides, mais encore une fois nous avons trouvé la porte fermée. Enfin une femme nous a indiqué une sombre auberge derrière le Turpan Hotel et nous y avons pris une chambre, il n’y avait pas d’autre choix. C’est fou comment tout le tourisme s’arrête quand l’automne et l’hiver arrivent. De ce que l’on a lu, en été Turpan est une oasis animée, avec des gens vendant des melons, des cerises. C’est là que la température est la plus élevée en Chine, atteignant 40°C! Mais en hiver, c’est le contraire, les températures tombent totalement, les touristes ne viennent plus et c’est pourquoi tous les hôtels sont fermés… Quoi qu’il en soit, même s’il n’y avait pas de pastèques juteuses et sucrées à essayer, nous avons passé un bon moment sur le marché animé dans le centre ville. Là, les marchands Ouighours vendaient de tout, de tapis colorés à de la soupe à la tête de mouton ! Et avec le sourire !
Turpan (aussi appelée Tulufan) est dans la province du Xinjiang en Chine, la plus grande province de Chine, annexée il y a quelques siècles. Mais les habitants de Turpan ne ressemblent pas du tout à des Chinois physiquement, de même pour l’architecture ou la nourriture. Les gens ici sont Ouighours, ils sont musulmans et ils ressemblent plus à des gens d’Asie centrale. Pour coloniser la région, la Chine a favorisé l’immigration des Chinois Han qui représentent aujourd’hui 60% de la population, alors que les Ouighour représentaient avant 90% de la population. Il y a encore beaucoup de tensions entre le peuple Ouighour et la Chine, avec des attaques terroristes régulières contre les administrations chinoises. Avant d’arriver ici, nous n’étions absolument pas au courant de cette situation. On parle beaucoup du Tibet à l‘international, mais ce qui s’est passé au Xinjiang est aussi un mauvais exemple du comportement colonialiste de la Chine.
A quelques kilomètres de Turpan se trouve la ville antique de Jiaohe. Cette ville était très célèbre il y a 1200 ans. Entièrement excavé d’une falaise, elle est étonnamment bien conservée. On peut toujours y voir les formes de maisons, de bâtiments administratifs et de temples. Et en nous promenant autour, nous avons facilement imaginé les rues animées pleines de vendeurs et de chameaux.
Notre mauvaise expérience de la journée s’est produite alors que nous tentions de faire de l’auto-stop pour aller à Jiaohe. Nous avions entendu que les Ouighours sont très sympathiques et que nous pourrions facilement monter gratuitement dans une voiture passant devant les ruines. Nous avons arrêté une voiture sur la route avec un conducteur et deux petites mamies Ouighour à l’arrière, il ne parlait pas anglais mais nous avons compris qu’il était ok pour nous avancer sur les 5 km nous séparant de Jiaohe. Pendant le trajet, j’ai passé un bon moment avec les dames Ouighour quand l’une d’entre elle a commencé à lire à voix haute mon guide de langue Ouighour dans mon Lonely Planet. Mais quand le chauffeur nous a déposés, nous sommes descendus de la voiture et il a commencé à nous montrer qu’il voulait de l’argent, nous avons essayé de lui expliquer que nous ne nous attendions pas à payer quoi que ce soit, mais finalement lui a donné 2 Y comme il insistait (c’est le prix d’un trajet en bus). Mais il a fait non de la tête, donc nous avons pensé qu’il ne voulait pas de l’argent et nous avons commencé à partir. Mais en fait, il voulait plus d’argent ! Il voulait 20 Y ! Nous lui avons fait comprendre que c’était 2 Y ou rien et il est alors descendu de sa voiture, commençant à être agressif avec Alex. Nous sommes restés très calmes, en lui disant que nous ne paierions pas autant pour 5 km. La garde du Musée de Jiaohe était là, mais ne semblait pas prendre les choses au sérieux. Il se contentait de me sourire en me montrant que nous pouvions entrer dans le musée et que le chauffeur était fou. Mais le chauffeur ne nous lâchait pas, il a saisi le bras d’Alex, je lui ai dit de prendre les 2 Y et de partir. Il était si énervé, qu’il a pris mes billets de 2 y et les a déchiré ! S’en était trop et je pense qu’il a été choqué par son propre geste, car nous sommes partis sans nous retourner et nous sommes entrés dans le musée, le laissant pantois. Pour repartir de Jiaohe, nous avons cherché de nouveau une autre voiture. Cette fois-ci, nous sommes tombé sur des hommes d’affaires de Pékin, parlant anglais, et qui nous ont totalement accueillis dans leur voiture gratuitement. Ils nous ont même reconduits jusqu’au centre-ville !
Après cela, nous avons fait une bonne marche à l’intérieur de la vieille ville, admirant ses maisons en briques, jusqu’à ce qu’au minaret Emin qui est de style afghan.
Il était 18h et nous étions assez fatigués, mais nous avons décidé de quitter Turpan dans la soirée au lieu de rester une nuit là-bas. Nous avons donc remballé rapidement nos sacs, avons réussi à nous faire rembourser la majorité du prix de la chambre par l’auberge et couru à la gare routière pour trouver un bus pour la gare de Turpan qui était de 50 km de la ville. Mais arrivés à la station de bus, il était 19h et il n’y avait plus aucun bus ! Nous étions un peu désespérés, mais venant de nulle part un homme très sympa nous a conduits vers une voiture pour faire du covoiturage jusqu’à la gare. Nous sommes arrivés à la gare à 20h30 et notre train était à 2 heures du matin… Nous avons commencé une longue et froide attente dans la gare, dormant sur les escaliers. La gare était remplie de gens portant de grands sacs de marchandises. Heureusement, notre train n’eut aucun retard (alors qu’il venait tout de même de Kunming, à x km de là). Le terminus était Kashgar, notre destination finale qu’il atteindrait à 20 heures (soit un trajet de 18 heures !), donc nous avons eu une bonne nuit de sommeil. Quand nous nous sommes réveillés, le train roulait au milieu du désert, le désert de Taklamakan, lui-même couvert de neige ! Nous étions complètement dans un autre monde !
The ruins of the city on the cliff are amazing! Another marvelous depiction. The train running is snow desert takes one to the world of fantasy. Thank You. Both of you are amazing and inspiring people.