Un matin, nous avons fini par quitter Karimabad. Nous étions en train d’attendre le passage d’un pickup public pour nous amener à Aliabad, à quelques kilomètres, pour prendre un autre bus pour Gilgit, quand tout à coup, une voiture s’arrêta devant nous. « Bonjour ! » cria joyeusement le chauffeur dans un français parfait. C’était Karim, un homme d’affaires que nous avions rencontré la veille. Il avait étudié pendant trois ans à Paris et cela lui avait fait plaisir de nous parler en français. Ces jours-ci, il construit un café à Karimabad, couplé avec un hôtel. Il se rendait aussi à Aliabad alors il nous a pris dans sa voiture ! A l’arrière au milieu de nos gros sacs à dos, j’ai de nouveau pensé que Karimabad et ses habitants allaient vraiment nous manquer. Dix minutes après, Karim nous a déposés devant un groupe de minivans et nous a aidé à hisser nos sacs sur le toit de celui à destination de Gilgit (pas de place à l’intérieur, donc on doit attacher les sacs à l’extérieur sur le toit !), puis nous nous sommes serré la main avec chaleur pour dire au revoir.
Après deux heures de route, nous sommes arrivés à Gilgit, une grande ville comparée à Karimabad. Nous avons senti que nous étions dans une région plus conservatrice qu’au nord. Toutes les femmes portaient leur voile pour cacher leurs cheveux et leur cou, et nous avons pris notre premier déjeuner au restaurant, dans un espace séparé de la pièce principale par des rideaux : l’espace pour les familles où les femmes et les couples mariés mangent, séparés des autres hommes.
Nous avons pris une chambre au Madina Guesthouse à côté du bazar et nous avons fait une promenade jusqu’à la mosquée. Nous pouvions sentir le regard des gens sur nous, alors nous nous sommes réfugiés dans une petite boulangerie où nous avons goûté de délicieuses sucreries tout en buvant un bon thé au lait. Certains clients (seulement des hommes) ont engagé la conversation avec nous, et deux d’entre eux nous ont même payé une seconde tasse de thé ! Vraiment, nous ne nous en remettons toujours pas de cette volonté au Pakistan qu’a chaque individu d’être un ambassadeur auprès du touriste étranger pour lui donner une formidable image de son pays et de la gentillesse de ses habitants !
Le soir, nous avons eu la décevante surprise de constater qu’il y a moins d’électricité à Gilgit que dans la vallée de Hunza et donc nous n’avions pas d’électricité à la guesthouse, et du coup pas d’eau chaude… La promesse d’une bonne douche chaude nous avait décidé à quitter Karimabad ! Nous n’avions pas non plus internet pour contacter Tajammul, le pakistanais que nous avions rencontré à bord du bus traversant la frontière et qui nous avait dit de le contacter si nous passions à Gilgit.
Le lendemain matin, nous sommes donc allés acheter une carte Sim pour contacter Tajammul. Cependant, nous avons appris qu’au Pakistan il faut avoir une carte d’identité pakistanaise pour acheter une carte Sim, ce que nous n’avions évidemment pas… Alors nous sommes retournés dans notre guesthouse où le propriétaire nous a gentiment prêté son portable pour appeler Tajammul. Celui-ci était si content de nous entendre !! Il est venu immédiatement nous rejoindre à la guesthouse et nous a offert un bon déjeuner. Nous avons bien parlé et il nous a invité à quitter notre guesthouse pour venir nous installer dans sa maison. Nous avons accepté avec plaisir, et le reste de la journée il nous a donc emmené nous promener en voiture autour de Giglit et nous avons rappatrié nos affaires chez lui. La ville de Gilgit peut être divisée en plusieurs zones : une zone dense autour du bazar et une zone plus aérée à la périphérie, où Tajammul vit dans une belle maison avec ses parents, son frère, la femme de son frère et leurs enfants. La famille est très importante pour les Pakistanais, c’est le cœur de leur société. Les gens ne laissent jamais leurs parents seuls et vivent avec eux pour s’occuper d’eux. Et cette importance de la famille est aussi source de question lorsqu’ils nous interrogent sur les différences culturelles que nous avons avec eux en tant qu’occidentaux. Ils sont plutôt choqués que les occidentaux mettent leurs parents dans des maisons de retraite ! Et ils n’ont pas compris quand nous leur avons dit que nos parents considéreraient comme un fardeau que nous vivions toujours avec eux à 30 ans… Nous avons également découvert quelques codes culturels : même si nous vivions dans la maison de Tajammul, Alex n’a jamais pénétré dans la partie centrale de la maison où habite sa belle-sœur et ses enfants. Au contraire, Tajammul m’y a emmené plusieurs fois pour passer du temps avec elle et les enfants pendant qu’il discutait dans une autre pièce avec Alex. Ainsi les visiteurs mâles sont restreints à certaines parties de la maison, tandis que les femmes peuvent aller partout. On peut dire qu’au Pakistan, les hommes dominent dans la vie professionnelle, mais les femmes gèrent la vie privée de la famille et la maison. Cela semble changer peu à peu car de plus en plus de femmes commencent à travailler dans des professions de haut niveau, comme les docteurs, les avocats, les enseignants…
Pour notre second jour à Gilgit, Tajammul nous a emmené grimper sur la petite montagne à côté de sa maison pour voir Gilgit d’en haut. Une belle vue !
A 18h, alors que nous étions en train de nous reposer dans notre chambre dans le noir (car où que vous viviez à Gilgit, quand il n’y a pas d’électricité tout le monde est concerné !), des femmes sont soudainement entrées dans la pièce. Nous avons été surpris ! En fait, elles étaient de la famille de Tajammul (sa soeur et ses filles) et étaient si gentilles qu’elles nous ont invités à dîner dans leur maison juste à côté avec toute la famille. Nous avons passé une excellente soirée avec eux. Le père, époux de la sœur de Tajammul, avait voyagé en France et nous a fièrement sorti sa carte RATP du métro parisien qu’il croyait en fait être la carte de la France ! Quel étrange sentiment pour nous de voir cette carte si éloignée de Paris ! Nous avons revu la famille plusieurs fois pendant notre séjour à Gilgit, toujours heureux d’avoir avec eux d’intéressantes discussions sur la politique… et la cuisine.
Nous avons également fait des plans pour une escapade hors de Gilgit le lendemain et aller ensemble avec Tajammul à Naltar Valley, pas trop loin de Gilgit. Le lendemain matin, nous sommes donc partis pour la vallée de Naltar. Tout d’abord avant de prendre le bus, nous nous sommes arrêtés au bazar pour acheter de la nourriture, car nous avions prévu de passer la nuit là bas. Tajammul acheta des fruits, des légumes, et du riz. Il voulait aussi du poulet et alla chez le boucher. L’homme a alors pris un poulet vivant de son magasin, l’a pesé et l’a tué devant nous ! Quand j’ai pris le sac plastique avec les morceaux de poulet, je ne m’attendais pas à ce qu’un poulet frais soit aussi chaud !
Il était temps de prendre le bus, ou plutôt la vieille jeep, pour Naltar Valley ! Le trajet en jeep fut assez agité, 2h30 sur une route cahoteuse et caillouteuse, que nous avons tout de même bien appréciée car la vue était incroyable. Nous avons roulé sur des routes poussiéreuses, entourées de rochers.
Quand nous sommes arrivés, nous avons été surpris de trouver une belle vallée avec des conifères verts, comme si nous étions arrivés dans une oasis après des heures dans le désert. Tajammul avait pris des dispositions pour que nous puissions dormir dans la maison habituellement dédiée aux fonctionnaires du gouvernement. Il faisait assez froid, mais nous avons réussi à cuisiner un bon dîner puis nous avons passé la soirée assis dehors autour d’un feu, en discutant de politique pakistanaise et internationale.
Le lendemain matin, nous sommes allés faire une chouette promenade. Il y avait même des télésièges sur la montagne pour que nous nous sentions dans les Alpes ! Mais la neige n’était pas là, elle viendrait plus tard en janvier ou en février. Les paysages étaient néanmoins superbes !
Nous avons décidé de passer une nuit de plus là bas, et le lendemain matin tôt nous sommes retournés à Gilgit, admirant le lever du soleil sur la route poussiéreuse.
La jeep devant nous était pleine à craquer de passagers, certains debout à l’arrière, prêts à tomber à chaque bosse sur la route. Régulièrement, des chèvres traversaient la route devant nous dans un nuage de poussière.
De retour à Gilgit, nous avons passé l’après-midi à nous détendre et le soir nous avons pris un dernier dîner avec Tajammul et une dernière tasse de thé avec la famille de sa sœur. Nous nous sommes promis de revenir car nous avons passé vraiment bon moment avec eux et nous avons beaucoup plus à découvrir dans la région de Gilgit. La prochaine fois, nous viendrons au printemps, et nous avons l’intention d’aller à Skardu pour aller plus près du K2 !
Le lendemain matin, Tajammul nous a emmenés à la station de bus pour prendre le bus pour Islamabad, prenant une dernière fois soin de nous, nous offrant de la nourriture pour le voyage. Nous étions très tristes de le quitter car nous avons passé de bons moments ensemble, mais nous étions sûrs que nous nous reverrions !
Je dois dire une fois de plus que nous sommes étonnés de voir comment les gens au Pakistan donnent sans attendre quoi que ce soit en retour, nous n’avons jamais rencontré des gens aussi généreux depuis que nous avons commencé à voyager !
Wonderful! Again, I’m sold…
What a big city Gilgit has become now! All those new cars? Where are all the trucks? But still power shortage at any moment. I’m wondering if they’ve managed to keep the old diesel generators…
Are you kidding about the « old jeep »? This Toyota SUV was new and in perfect condition!
Haha yes they still have the old diesel generators and they are still very useful (and smelly!) And there are still a lot of colorful trucks around the bazaar, a colorful feast for the eyes!