Je dois avouer que cette partie du voyage fut plus intéressante que ce que nous attendions en termes de sociologie. Nous sommes passés de notre chambre d’hôtel dans un quartier super populaire de Mumbai, avec rats et ordures, à un rutilant bateau de croisière, rempli de touristes occidentaux bedonnants et où nos serviettes de bain immaculées étaient changées tous les jours.
À Mumbai, les gens nous mendiaient parfois de la nourriture. Sur le bateau, la nourriture était gratuite (enfin elle était incluse dans le tarif de la croisière). Et les gens la gaspillaient. Beaucoup. Les gens avec leur surcharge pondérale, leur peau rouge, et aucune conscience du fait que se servir une assiette pleine de nourriture et la laisser après y avoir à peine touché pour aller s’en chercher une autre est juste insupportable et immoral. Alors que le bateau était en Inde, ces gens sont restés à bord et ont passé la plupart de leur temps à brûler sous le soleil, à manger de la nourriture occidentale et à prendre des cours de danse latine avec l’équipage… Nous nous sommes demandés ce qu’était le voyage pour eux… Cela nous a fait réfléchir sur la définition de « voyager ». Alex est parvenu à une définition qui nous convient pas mal : voyager c’est comprendre là où on va. Nous aimerions bien savoir quel est votre définition à vous ! Pour ces gens à bord, je suppose que c’était : voyager c’est s’amuser et oublier les tâches de la vie quotidienne. Mais alors, quel est l’intérêt d’aller jusqu’en Inde si vous faites comme si vous n’aviez pas quitté l’Europe ? C’est contraire au tourisme durable qui devrait être la principale priorité des voyageurs dans le monde d’aujourd’hui.
Sur le plan positif, la croisière nous a aidés à reprendre le sport et à revenir à un régime alimentaire équilibré. Il y a une bonne variété de nourriture sur le bateau qui doit juste être mangée de manière raisonnable… En tant qu’ingénieurs, nous nous sommes également interrogés sur les meilleures pratiques à mettre en place pour qu’une compagnie de croisière comme Costa puisse éviter de tels gaspillages de nourriture… On nous a dit que les restes étaient donnés aux poissons… Mais vu le gaspillage, 15 jours de croisière doivent fournir de quoi nourrir toute la faune marine pendant 1 ans !
Mais ne nous méprenez pas, même si la majorité des gens étaient comme nous l’avons décrit, et même si nous étions les plus jeunes à bord (de loin), nous avons rencontré des français très sympas qui ressentent la même chose que nous. L’hôtesse française à bord était adorable et nous regrettonsde ne pas avoir pu lui demander plus de détails sur son travail sur le bateau : plusieurs mois sans arrêt sur le bateau (pas de week-end) puis une pause jusqu’au prochain long voyage. Encore un rythme de travail différent de ce que nous avions pu voir jusque là. Nous avons également rencontré des retraités très gentils. Je suppose qu’ils étaient là parce qu’une croisière est tout de même une bonne façon de passer d’un point A à un point B dans un environnement confortable et amusant. Tout le monde n’est pas obligé de sortir de sa zone de confort tant qu’ils sont heureux comme ça.
Mais revenons en Inde pour la dernière fois. Après avoir quitté Mumbai, nous avons eu un jour en mer et nous avons fait un premier arrêt à Mangalore. Le bateau est arrivé dans le port de New Mangalore qui avait l’air plutôt éloigné de la ville. Nous avons débarqué et nous sommes dirigés vers la sortie du port. Nous sommes passés à côté de plusieurs gros autocars, réservés aux passagers qui faisaient des excursions avec la compagnie. Les excursions doivent être le moyen pour la compagnie de faire des profits pendant les croisières. La visite de Mangalore coûtait 50 euros par personne. Nous avons décidé de jouer à un jeu et de voir combien cela nous coûterait à nous. En sortant du port, nous avons été littéralement harcelés par des chauffeurs de taxi et de tuktuk nous demandant de payer 20 euros pour aller au centre-ville. Nous nous sommes vite éloignés d’eux. Nous sommes arrivés sur une autoroute menant directement au centre de Mangalore, alors nous avons tenté notre chance et avons sauté dans le premier bus que nous avons vu qui ressemblait à un autobus public. Après un moment où nous ne savions pas où nous allions, nous avons demandé de l’aide et les passagers nous ont gentiment indiqué que nous étions dans le bon bus pour aller en ville. Coût du trajet : moins de 1 euro pour deux. Dans le centre-ville, nous avons retrouvé les passagers des excursions et nous avons même pu écouter les explications de leurs guides touristiques. Nous avons visité le temple de Gokarnanath, nous avons marché jusqu’à un temple plus petit où nous étions seuls et nous nous sommes dirigés vers la belle église Saint-Aloysius.
Ensuite, nous avons trouvé un autre bus pour aller au temple Mandala Devi où nous nous sommes retrouvés les seuls touristes au milieu de centaines d’Indiens priant en transe. Il y avait un grand rassemblement à l’intérieur du temple. Il faisait chaud et les femmes pressées l’une contre l’autre m’ont poussé sur le devant pour voir une cérémonie avec la divinité du temple. Tout le monde tendait le cou pour voir quelque chose. Les gens ont commencé à jouer de la musique. C’était intense !
Après cela, nous avons eu la chance de trouver un autre bus en face du temple qui nous a ramené directement au port. Nous avons vraiment passé un bon moment à visiter Mangalore. Les gens étaient très amicaux, surtout dans le bus et nous avons vécu une grande expérience dans le temple. Cette journée de visite ne nous a coûté que 1,5 euros par personne… loin des 50 euros payés pour faire une excursion dans la ville ! Sans doute le prix pour rester dans sa zone de confort…
Notre deuxième arrêt fut Cochin ou Kochi, une belle ville à influence portugaise. Par chance, le bateau était à côté du petit terminal de ferry fournissant des services pour Fort Kochi et Mantcherry. Nous avons donc pris le ferry pour aller à Fort Kochi, où on peut admirer la belle architecture coloniale de la ville. Nous nous sommes promenés au bord de la mer, admirant les installations de filets de pêche importés au XIVème siècle par les commerçants chinois. Nous avons visité l’église Saint-François où Vasco de Gama a été enterré avant que ses restes ne soient ramenés au Portugal. Nous avons adoré flâner dans les belles rues colorées.
Nous avons profité de nos derniers moments en Inde en discutant avec un groupe amical de jeunes Indiens. En embarquant sur le bateau, nous nous sentions un peu nostalgiques. Cependant, nous avons rapidement dû oublier notre humeur mélancolique. Une fois sur le bateau, nous avons constaté en voyant la tête de l’équipage qu’il y avait un problème avec nous. Ils nous ont demandé de patienter à l’accueil parce que l’immigration indienne voulait nous poser quelques questions… Nous avons commencé à être un peu nerveux. La réservation de la croisière n’avait pas été facile en raison de notre visa indien à entrée unique. Avec ce problème et toutes ces règles indiennes compliquées concernant l’immigration, nous nous sommes demandés s’il y avait un problème parce que nous venions par la terre du Pakistan. Ensuite, les choses ont empiré. Nous avons été débarqués et nous sommes montés dans une voiture pour être conduits au bureau de l’immigration dans le port. Là, nous avons été conduits au bureau de l’officier en chef de l’immigration, une femme qui nous a invités à nous asseoir sur un ton ferme. Elle a commencé à nous poser des questions éclair. Elle semblait connaître beaucoup de choses sur nous, que nous vivions à Singapour, que nous avions été deux fois au Pakistan. Elle voulait savoir pourquoi nous venions du Pakistan. Nous avons répondu à ses questions, lui avons dit que nous étions des voyageurs, que nous avions un blog de voyage et que nous avions ce défi de voyager sans prendre l’avion. Au bout de quelques minutes, elle a dû se rendre compte que nous n’étions pas des espions, et l’interrogatoire a évolué vers une conversation plus normale. Elle a changé son discours et nous a dit vouloir en savoir plus sur nos sentiments au sujet du Pakistan et de l’Inde en tant que voyageurs. Enfin, elle nous a dit qu’elle avait voulu nous voir surtout à cause de la « grande quantité de tampons dans [n]os passeports ». La conversation s’est terminée de manière assez amicale et elle nous a dit de revenir visiter l’Inde. Pour sûr, nous y retournerons !
Cette fois, nous sommes vraiment partis d’Inde et nous avons embarqué sur notre navire. Quelques heures plus tard, nous avons quitté le port de Kochi, prêts pour notre prochaine aventure… Et devinez quoi, le prochain arrêt de notre croisière était prévu aux Maldives !
Salut !
Quels récits INCROYABLES , merci du partage !
J’avais une petire question : comment avez-vous réservé vos billets pour ce tour en bateau en Inde ?
MERCI à vous !
Julie Holleufer