Nous attendions beaucoup d’Ispahan car on nous avait décrit cette ville comme étant la perle de l’Iran. Nous allons vous confier nos impressions dans quelques minutes, mais d’abord, nous voulons vous raconter comment nous avons quitté Yazd. Et vraiment, c’est une histoire qui a comblé notre journée !
Nous sommes partis de Yazd le matin. Nous ne savions pas quels bus nous avions pris à notre arrivée trois jours plus tôt. Comme il n’y avait pas de bus direct pour aller au centre-ville, nous avions sauté dans quelques bus dont nous ne nous souvenions plus du numéro. Nous avons donc commencé à attendre les bus en ville et leur demander s’ils allaient dans la bonne direction. Mais aucun chauffeur ne parlait anglais. En même temps, nous avons commencé à demander aux chauffeurs de taxi leur tarif pour aller à la gare routière à quelques kilomètres. Mais ceux-ci ont essayé de nous faire payer cinq fois le prix normal ! Ensuite, une voiture qui n’était pas un taxi s’est arrêtée devant nous. Le conducteur était un homme, avec sa femme et un petit garçon sur le siège du passager. Il nous a demandé dans un anglais très basique si nous avions besoin d’aide et il a offert de nous conduire à la gare routière. Lorsque nous lui avons demandé combien il voulait, il a dit « gratuitement! » Nous n’étions pas sûrs d’avoir bien compris mais nous sommes montés dans sa voiture. Il a commencé à conduire en nous posant quelques questions en anglais et en nous disant qu’il était heureux de parler anglais avec nous. Puis tout à coup il nous a demandé : « Vous n’avez pas peur de moi ? » Alex et moi nous nous sommes regardés. Devions-nous avoir peur ? Il a ajouté : « Vous êtes plutôt détendus alors que vous êtes dans la voiture d’un étranger ». Nous lui avons dit que nous n’avions aucune raison d’avoir peur de lui et que nous avions senti que c’était un homme bon. Et il a répondu « quand vous avez un bon cœur, vous voyez de bonnes personnes ». Il nous a dit que beaucoup de touristes ne veulent pas parler avec lui parce qu’ils ont peur de lui. Il était curieux et heureux de notre « trop plein » de confiance en lui. Il nous a également demandé si nous pensions que les Iraniens étaient des terroristes. C’est une question que nous avons entendu quelques fois au cours de notre séjour en Iran. Les gens sont tristes d’avoir une mauvaise image d’eux véhiculée par les médias. Quand il nous a déposés à la gare routière, notre chauffeur providentiel a chaleureusement serré la main d’Alex et nous a souhaité un bon voyage. Nous avons réalisé que, avec toutes ces rencontres aléatoires que nous avons faites, nous ne nous sommes jamais sentis menacés. Parfois, notre foi en l’humanité est élevée et parfois elle est basse. Ce jour-là, grâce à cet homme, nous avons vraiment réalisé que le monde que l’on nous montre dans les médias est si dangereux, alors la majorité des gens dans le monde sont gentils !
Après quatre heures de bus, nous sommes enfin arrivés à Ispahan. On nous avait dit qu’Ispahan était la plus belle ville d’Iran, alors nous étions impatients de la découvrir ! Le terminal de bus était assez loin du centre-ville. Lorsque nous sommes arrivés à côté du centre-ville, nous nous sommes rendus compte qu’Ispahan est une très grosse ville. En fait, Ispahan est l’une des trois plus grandes villes d’Iran, avec Téhéran et Mashad. Nous étions un peu déçus parce que Yazd que nous avions quittée avait l’air d’être un endroit plus tranquille où se poser !
Nous avons cherché un endroit pour dormir et avons fini au Mihan Hostel qui était assez proche des principales attractions d’Isfahan mais avec des chambres très basiques. Le crépuscule arrivait à grands pas, alors nous nous sommes rendus jusqu’à la place Naqsh-e Jahan, la grande place d’Ispahan, à quelques minutes à pied. La vue sur la place était magnifique. Des familles iraniennes s’étaient rassemblées, pique-niquant sur l’herbe. Nous avons mangé une délicieuse glace au safran tout en regardant le coucher de soleil. Sur la place, se dresse la magnifique Mosquée du Shah. Je pense que c’est la plus belle mosquée que nous ayons vue en Iran. Construite en 1611, personne ne peut rester indifférent à ses mosaïques colorées.
Le lendemain, nous avons découvert Masjid Jameh, l’une des plus anciennes mosquées d’Iran. Son style était un peu différent des autres mosquées que nous avions visitées. Elle était moins colorée mais très vaste et impressionnante. Ensuite, nous avons marché dans le bazar allant de la mosquée jusqu’à la place Naqsh-e Jahan. Des kilomètres de rues couvertes et bordées de boutiques en tout genre, un véritable labyrinthe.
Nous avons pris l’après-midi pour explorer Julfa, le quartier arménien, célèbre pour ses belles églises et ses petits cafés décontractés. La plus belle église que nous avons visité était la Cathédrale de Vank. À l’intérieur de cette cathédrale, il y a d’impressionnantes fresques représentant des scènes bibliques. A côté de la cathédrale se trouve un musée présentant des objets et des expositions historiques sur l’histoire et le génocide arméniens. C’était une visite émouvante et notre premier contact lors de ce voyage avec la culture arménienne et sa terrible histoire.
Pour finir notre journée, nous avons marché le long de la rivière pour découvrir les beaux ponts d’Ispahan. Sur ces ponts, les jeunes et les familles iraniennes se réunissent le soir dans une ambiance conviviale. Nous y avons croisé des jeunes qui chantaient et jouaient de la guitare comme si nous étions sur l’un des ponts de Paris. Mais cela ne nous a pas fait oublier qu’en Iran il est interdit aux femmes de danser et de chanter.
Pour sûr, Isfahan est une belle ville, mais nous n’avons pas ressenti la même atmosphère agréable qu’il y avait à Yazd, peut-être parce qu’Ispahan est bien plus grande. Quoi qu’il en soit, Ispahan reste une ville incontournable à visiter en Iran. C’est là que nous avons visité les plus belles mosquées d’Iran et que nous avons pu voir que la vie dans la ville peut être décontractée et joyeuse.